jeudi 30 mai 2013

Le Maroc avant l'islam


L’arrivée de l’islam au VIIème siècle est un moment fondateur et essentiel dans la formation de la nation marocaine. Mais avant que les troupes musulmanes n’atteignent les frontières du Maroc, ce dernier avait déjà une identité, une histoire et une spécificité géographique et culturelle. Retour sur les origines d’un vieux pays et une très ancienne nation.

De nombreux historiens marocains aiment rapporter, avec une certaine délectation, cette anecdote qui s’est déroulée dans la cour d’un calife abbasside à Bagdad. Un courtisan, croyant flatter le calife, explique à ce dernier que le monde ressemble à un immense oiseau, dont la tête se trouve en Orient, les deux ailes se déploient au Yémen et en Syrie, le cœur est en Irak, tandis que la queue se situe à son occident, le Maghreb. Un Marocain présent à la cour du calife intervient alors pour confirmer les propos du courtisan en disant : “Oui, le monde ressemble effectivement à un paon”, allusion faite au chatouillant et bel éventail de plumes que forme la queue du paon, la partie la plus noble de cet oiseau. Le calife a souri de la remarque de son hôte marocain et l’a récompensé, pour son mot d’esprit et sa fierté nationale. Comme l’indique cette anecdote, les Marocains ont toujours eu la conviction chevillée au corps d’appartenir à une entité géographique distincte et à une culture et une histoire spécifiques. Leur pays n’est pas exclusivement berbère, arabe, musulman, juif ou africain, mais il est tout ça à la fois. Un mélange, une synthèse.

Le dieu berbère Ammon représenté sur une pièce de Juba II.

Un pays mythique, son ancien nom, Maurétanie puis Al Maghrib Al Aqsa, l’Extrême Occident, traduit cette singularité et cette spécificité, même aux yeux des étrangers qui le percevaient comme une terre lointaine, excentrée, qui fascine et intrigue. Divers mythes et légendes expriment la curiosité que suscitait le “Far West” du monde : c’est là que vivait Atlas, le géant de la mythologie grecque, qui donne son nom à la chaîne de montagnes, condamné par Zeus, pour son insoumission, à porter sur ses puissantes épaules la voûte céleste. C’est à Tanger que Hercule a ouvert le détroit de Gibraltar en fendant d’un vigoureux coup d’épée deux montagnes, séparant ainsi définitivement l’Europe de l’Afrique. Et c’est dans cette contrée que les Atlantes, peuple mythique descendant du dieu de l’océan Poséidon, se sont installés pour fonder un empire puissant qui s’étale, selon la légende, du Sénégal aux îles britanniques. L’histoire du Maroc, avant l’avènement de l’islam au 7ème siècle, démontre la spécificité culturelle et géographique du Maroc, “pays détaché de tout autre pays”, comme le décrivait Ibn Khaldoun. L’histoire ancienne démontre comment le Maroc s’est fait et formé de mélanges entre des vagues successives de races, de cultures, de religions et d’influences venant de tout horizon, et dont l’islam et l’arabité ne sont qu’une composante, essentielle et importante mais tardive.



“Soukan al maghrib al awaloun”
Sans remonter à des temps immémoriaux, il est généralement admis que les premiers habitants du Maroc sont les Berbères, un ensemble de populations apparues depuis plus de 9000 ans en Afrique du Nord suite à des vagues migratoires venues d'Espagne. Le déplacement de groupes venant d’Orient et leur installation au Maroc constituent une caractéristique de l’histoire du pays au fil des siècles. Un autre courant migratoire préhistorique est venu de la Méditerranée pour s’agréger et se fondre aux populations venues de l’Orient, pour donner aux habitants du Maroc et du Maghreb une originalité physique et culturelle.
Dans son monumental Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun attribue l’origine du mot “berbère” à la difficulté des dialectes parlés par les populations du Maghreb, que les différents envahisseurs n’arrivaient pas à déchiffrer et comprendre. Le grand historien explique alors que le mot “barbara” en arabe signifie des cris incompréhensibles ainsi que les rugissements du lion. Ibn Khaldoun reprend dans son explication une origine plus ancienne du mot berbère, qui dérive du mot latin Barbarus, signifiant étranger à la langue et à la culture des Grecs, et désignant aussi les populations qui vivaient en dehors de l’empire romain.



La question de l’origine des Berbères a toujours été un enjeu crucial et important, qui dépassait le cadre de la connaissance scientifique. La recherche historique a été souvent mise à contribution pour servir des ambitions politiques et forger une vision idéologique de l’identité du Maroc et de son histoire. Ainsi, de nombreux auteurs ont voulu prouver l’origine européenne des Berbères en parlant de la présence de groupes au teint et aux yeux clairs dans certaines zones montagneuses du Maroc. Ce qui a été présentée comme la confirmation que les Berbères sont des descendants de tribus europoïde venant de l’Europe.

Mausolé royal de Maurétanie.


Bienvenue chez les Maures
Dans l’Antiquité, la population berbère d’Afrique du Nord était appelée “les Libyens”. Ce nom recouvrait, chez les historiens grecs et romains, une vaste entité géographique qui s’étendait sur ce qui correspond de nos jours au “Grand Maghreb”. Connus pour leurs qualités militaires et guerrières, les Libyens, ou “les Lebou”, ont pu même accéder au pouvoir en Egypte, avec le roi Chéchonq 1er, pour fonder une nouvelle dynastie de pharaons en 950 avant J.-C. Cette date est considérée comme le début du calendrier berbère.



Mais un autre nom, plus précis, est apparu chez les auteurs grecs et romains pour désigner la population qui se situe à l’ouest de l’Afrique du Nord : les Maures. On ne connaît pas beaucoup de choses, à défaut de traces et de documents écrits, sur cet essaim de tribus berbères qui habitaient sur un territoire correspondant en grande partie au Maroc actuel. D’origine phénicienne, le mot Maures signifie “les Occidentaux” et servait à distinguer géographiquement ce territoire des autres régions d’Afrique du Nord. Le nom de ce peuple aura un autre destin, quand les Espagnols vont l’utiliser, suite à la fin de la présence musulmane en Andalousie, pour désigner ce que nous appelons de nos jours les Maghrébins. Située entre l’Atlantique et oued Moulouya, la population maure était composée essentiellement d’agriculteurs, de pasteurs et de nomades. Le contact avec les Phéniciens, qui ont installé des comptoirs et des escales dans différents endroits du Maroc, a permis aux tribus maures de développer des structures politiques et administratives qui se transforment à partir du IVème siècle avant J.-C en royaume. Les princes et les hauts fonctionnaires maures utilisaient le phénicien comme langue administrative et diplomatique, tandis que les différents dialectes berbères constituaient la langue d’échange entre les populations. La chute de Carthage, qui a entraîné l’effondrement de la puissance phénicienne et l’apparition de l’empire romain, a permis au royaume des Maures d’émerger et de sortir de l’ombre. Les rois maures vont alors entrer dans des alliances complexes avec les Romains pour élargir leur territoire au détriment des autres royaumes berbères d’Afrique du Nord, et notamment les voisins numides.



Jeu de rois…
Pendant trois siècles, la dynastie des Bocchus a régné sur le pays des Maures, qui ressemblait beaucoup plus à une confédération de tribus dotée d’un chef qu’à une monarchie centralisée. La fondation du royaume des Maures et son étendue exacte demeurent peu connues en raison de la rareté et la quasi-inexistence même de documents écrits. Les quelques mentions qu’on retrouve chez des historiens romains permettent de croire qu’il s’agit d’un royaume qui s’étendait du nord du Maroc jusqu’à l’Atlas et dont l’oued Moulouya était une frontière naturelle qui le séparait de la Numidie, royaume berbère oriental, parfois allié et souvent concurrent.
Pendant longtemps, le royaume des Maures était ami et soutien des Romains dans leurs différentes luttes en Afrique du Nord. Ainsi, à la fin du IIIème siècle avant J.-C, le roi Baga a fourni à Scipion l’Africain, le célèbre général romain, des contingents de combattants pour livrer un combat final contre la puissante Carthage. La victoire des Romains sur Carthage et la destruction de cette dernière ont dessiné un nouveau visage de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord. Un empire est né de cette victoire. L’alliance des Maures avec l’empire romain a permis à la dynastie des Bocchus d’étendre son royaume, de grignoter sur le territoire des voisins et de gagner en pouvoir et en influence. Le déclenchement d’un conflit, entre Rome et le royaume berbère de Numidie, a été une occasion saisie par les Bocchus pour étaler d’une façon spectaculaire le domaine des Maures.
C’est alors que vers 109 avant J.-C, Jugurtha, le jeune roi numide, refuse le plan proposé par Rome de partager son royaume entre différents héritiers, déclenchant ainsi une longue guerre avec les Romains. Jugurtha se tourne alors vers son voisin et beau-père Bocchus 1er, roi des Maures, pour l’aider et le soutenir dans son combat. Mais le roi maure, craignant une réaction dévastatrice de Rome et pensant d’abord à son propre intérêt politique, a fini par livrer son gendre Jugurtha à ses ennemis. La contrepartie de la trahison a été grande : Bocchus 1er a reçu des Romains toute la partie occidentale du royaume numide, qui s’étendait sur une grande partie de l’Algérie actuelle. Les nouveaux sujets des rois maures ont perdu progressivement leur ancienne appellation et le nom de leur royaume déchu, la Numidie, va disparaître pour devenir le pays des Maures.
Mais l’emprise des Romains ne cessera de grandir et leur contrôle sur l’Afrique du Nord atteindra des proportions considérables. La chute du royaume des Maures en l’an 40 avec l’assassinat de Ptolémée, le dernier souverain de la dynastie des Bocchus, a mis fin aux royaumes berbères et placé l’Afrique du Nord sous administration romaine directe.



L’exception culturelle
Pays excentré, bordé de mers et traversé par de massives chaînes montagneuses, représentant peu d’intérêt économique pour les grandes puissances de l’époque, le Maroc antique n’a subi qu’une faible influence culturelle et politique de ses envahisseurs. Les Romains, les Vandales et les Byzantins ont pu successivement occuper le Maroc et empêcher la résurgence de royaumes berbères, mais sans parvenir à marquer profondément sa composition ethnique ou opérer des transformations radicales au niveau de son identité et sa culture. Seul l’islam et les vagues successives de migration arabe réussiront à s’agréger à la composante berbère et fonder les bases de la nation marocaine. Malgré une présence de plus de cinq siècles, les Romains n’ont marqué le Maroc que d’une façon superficielle et l’impact de leur colonisation a été très ténu. La région “Maurétanie tingitane” qui correspondait au Maroc, selon le découpage administratif romain, a été moins latinisée et moins imprégnée par la culture de l’empire, que l’Algérie et la Tunisie. L’occupation romaine est restée confinée à un territoire étroit dans certaines villes comme Tingis (Tanger), Lixus (Larache) et Volubilis. On trouve alors peu de trace de monuments d’envergure que les Romains ont laissés dans d’autres pays, comme les aqueducs, les ponts ou les grandes routes. Deux mondes coexistaient dans ce contexte : une civilisation romaine cloîtrée dans quelques villes-garnisons réservées aux militaires et aux fonctionnaires venus de la métropole et une population qui a gardé intacts ses coutumes, ses traditions et ses dialectes. Les marques de la présence romaine se sont amoindries et effacées avec le rétrécissement de l’empire et l’arrivée de nouveaux conquérants. Vers 429, les Vandales, hordes de tribus germaniques dont le nom est synonyme de destruction, déprédation et pillage, ont envahi le Maroc à la recherche de terres fertiles et de ressources naturelles. Ils se dirigent après vers l’est, pour atteindre l’ancienne Carthage, et ne laissent derrière leur passage que désolation et ruines. Malgré une présence de plus d’un siècle en Afrique du Nord, les Vandales ne laisseront que peu de traces de leur passage au Maroc. Les Byzantins, héritiers de l’empire romain, essayeront de restaurer la gloire et le prestige de leurs ancêtres en partant à la reconquête du Maghreb. Mais ils n’auront que peu de réussite au Maroc et leur zone d’influence est restée limitée à Tanger et Sebta, en raison de la forte résistance opposée par les tribus berbères. Le champ était alors ouvert à de nouveaux conquérants, venus d’Orient, galvanisés par leur religion qu’ils ont pour ambition de répandre et y convertir d’autres peuples : les Arabes.



Quand l’islam débarque
Après la mort du prophète Mohammed, les musulmans vont se lancer, tous azimuts, dans des conquêtes fulgurantes et rapides, avec des troupes légères et peu fournies en hommes et en armes. En quelques mois seulement et avec une petite armée composée de 4000 hommes, les guerriers arabes ont pu venir à bout des Byzantins en Egypte et annexer l’ancienne terre des pharaons au jeune empire musulman. Mais les choses sont différentes et compliquées au Maghreb face à la farouche résistance berbère. Pour l’armée musulmane, il a fallu plus d’un demi-siècle de combats, de raids et de négociations pour contrôler définitivement l’Afrique du Nord : autant de temps nécessaire pour conquérir la Syrie, l’Egypte, l’Iran et l’Espagne réunis ! Oqba Ibn Nafiî, personnage légendaire et combattant fervent et obstiné, symbolise la dureté de la tâche et la violence de la résistance opposée par les Berbères. Nommé par le calife Yazid en 669, Oqba s’est lancé dans une vaste offensive générale au Maghreb. Après avoir défait les Byzantins et construit Al Kairouan, la ville tunisienne, il pousse un long raid vers la pointe occidentale du Maghreb et atteint Tanger, puis chevauche jusqu’au sud du Maroc, pour arriver aux “pays des Noirs”. Selon la légende rapportée par des historiens musulmans, Oqba avança avec son cheval dans les flots de l’Océan Atlantique, ou “la mer des ténèbres” selon l’appellation arabe, et prend à témoin Dieu que s’il avait la possibilité d’étendre sa conquête au-delà de l’océan il n’aurait pas hésité à le faire. En route vers Al Kairouan, Oqba est tué, près de Biskra en Algérie, dans un combat contre la tribu des Awraba dirigée par Kousseila, le chef berbère. Après la mort de Oqba, de nouvelles campagnes militaires musulmanes sont menées au Maghreb et peu d’entre elles atteignent le Maroc. L’alliance des Byzantins et des tribus berbères a donné de la tablature aux troupes envoyées par les califes de Damas et retardé la domination musulmane sur l’Afrique du Nord. Une femme s’est illustrée dans la résistance des tribus berbères de l’Aurès, en Algérie, et a obligé les troupes musulmanes à battre en retraite. Dihiya ou Damiya, selon les sources, surnommée Kahina par les historiens arabes, est passée dans la mythologie maghrébine pour avoir fait face, jusqu’à sa mort, à l’avancée des troupes musulmanes. Mais une nouvelle et dernière offensive a été l’œuvre de Moussa Ibn Noussaïr en 704. Impétueux, fin négociateur et chef militaire déterminé, Moussa Ibn Noussaïr réussit à conquérir tout le Maroc et à convaincre les Berbères de se convertir à l’islam. La nouvelle religion adoptée par les Berbères leur offre alors un lien solide permettant de transcender les divisions locales et tribales et de cimenter les différentes composantes de la population vivant au Maroc. Beaucoup de Berbères ont intégré l’armée musulmane et participé activement et ardemment aux conquêtes menées sous la bannière de l’islam. L’un d’entre eux, Tariq Ibn Ziad, sera même chargé par Moussa Ibn Noussaïr de lancer les troupes à la conquête de l’Espagne. Tout un symbole.



Chronologie
• 10 000 Av. J.-C : Apparition des ancêtres directs des Berbères au Maroc.
• 1100 Av. J.-C : Les Phéniciens installent leurs premiers comptoirs commerciaux.
• 203 Av. J.-C : Massinisa fonde le royaume numide.
• 105 Av. J.-C : Bocchus 1er étend le royaume des Maures vers l'est.
• 40 Ap. J.-C : Assassinat de Ptolémée, dernier roi maure.
• 285 : Les Romains se replient et abandonnent le Maroc.
• 430 : Début de l'invasion vandale.
• 533 : Les Byzantins tentent de reconquérir le Maghreb.
• 681 : Oqba ibn Nafiî arrive au Maroc.
• 711 : Tariq Ibn Ziad débarque en Espagne.



Origines. Le juif en nous
Les plus vieux témoignages sur l'ancienneté de la présence juive au Maroc sont épigraphiques. Ce sont ceux des inscriptions funéraires en hébreu et en grec qui ont été trouvées dans les ruines de Volubilis et qui remontent au IIème siècle avant notre ère. Mais la tradition orale des juifs du Maroc fait remonter la présence juive à l'arrivée des premiers bateaux phéniciens, il y a donc plus de 3000 ans ! Durant toute une partie de l'époque phénicienne, puis durant toute la présence romaine, les villes de Chellah (Salé), de Lixus (Larache), de Tingis (Tanger) ont été très certainement des centres de négoce importants pour les juifs du Maroc, qui pratiquaient surtout le commerce de l'or et du sel. Lorsque les Vandales surviennent, ils trouvent des alliés parmi les juifs, et ceux-ci vont connaître une totale liberté de culte pendant un siècle. Mais quand, en 533, le général Bélisaire est envoyé en Afrique du Nord par Justinien, l'empereur de Byzance, pour chasser les Vandales, les juifs vont entrer dans une période très douloureuse de leur histoire. A la veille de la conquête musulmane, plusieurs tribus juives berbères sont identifiées à travers tout le Maghreb. La conquête musulmane sera pour eux une libération. Rachid Benzine


Portraits. Figures historiques


Bocchus 1er
Descendant d'une lignée de rois maures qui régnaient sur une grande partie du Maroc actuel. Il réussit, en s'alliant aux Romains, à étendre son royaume et le territoire des tribus maures vers l'est au détriment de ses voisins berbères de Numidie. Après sa mort en 80 avant J-C, le royaume est partagé entre ses deux fils, Bocchus II et Bogud qui vont perpétuer la politique de l'alliance avec l'empire romain.


Juba II
Roi berbère, élevé dès son enfance à Rome sous la protection de Jules César. Réputé pour ses qualités intellectuelles supérieures, les Romains vont le nommer souverain d'Afrique du Nord, où il va rétablir la stabilité et rallier Maures et Numides autour de lui. Il épousa une jeune princesse, fille de la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et du général romain Antoine. En plus de son talent politique, Juba II était un érudit et auteur d'une œuvre scientifique considérable, selon les historiens romains. Mort en 23 après J-C, il laissa derrière lui un royaume prospère et pacifié.


Kahina
Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur cette reine berbère, où se mêlent légendes, faits historiques et volonté d'en faire le symbole de différentes causes. Chef des tribus berbères de l'Aurès, elle participa activement à la résistance face aux troupes de l'armée musulmane. Les récits et témoignages divergent sur la religion de “la prêtresse” selon le surnom donné par les Arabes : certains prétendent qu'elle était juive, d'autres affirment qu'elle était chrétienne ou païenne. Après des années de combat contre les conquérants musulmans, Kahina est tuée en 698 par le général Hassan Ibn Nouâman. Avant sa mort, elle demande à ses fils de se convertir à l'islam et de rejoindre les rangs de ses adversaires. L'un de ses fils est même nommé chef des troupes musulmanes et combattra aux côtés de ses anciens ennemis et nouveaux coreligionnaires.


Tariq Ibn Ziad
Symbole de la conversion des Berbères à l'islam et du rôle qu'ils vont jouer dans les conquêtes musulmanes, notamment en Europe. Selon les historiens, Tariq était un captif maure affranchi par Moussa Ibn Noussaïr, qui fera de lui son proche lieutenant. Moussa Ibn Noussaïr charge alors Tariq de lancer les troupes de l'armée musulmane, composée en grande partie par des Berbères, à la conquête de l'Espagne. Tariq s’acquitte brillamment de sa mission et défait en quelques batailles décisives les Wisigoths, qui régnaient en maître sur la péninsule ibérique.



Tingis, Zilis, Tamudem…Quand le Maroc était chrétien
Le christianisme est attesté en Afrique du Nord à partir du IIème siècle. Il est vraisemblablement arrivé avec la migration de commerçants, de soldats, peut-être de missionnaires venus de l'Empire romain. Le premier document qui nous informe de cette présence chrétienne est constitué par les “Actes des martyrs scillitains”, qui rapportent la condamnation à mort, en juillet 180, d'une dizaine de chrétiens de la ville de Scillium (l'actuelle Kasserine, en Tunisie) qui ont refusé de participer aux cérémonies païennes romaines fondant la vie civique. Mais l'histoire du christianisme au Maghreb est d'abord liée à la personnalité du Carthaginois Tertullien. Né païen, baptisé vers l'an 195, membre de l'élite de la ville créée par les Phéniciens, il va se montrer un grand organisateur et un grand défenseur de l'Eglise d'Afrique. Il nous a laissé une œuvre écrite qui nous permet d'avoir une idée des problèmes qui se sont posés au développement de la foi chrétienne.
En ce qui concerne l'arrivée du christianisme au Maroc, on peut raisonnablement penser qu'elle a pour origine l'Espagne romaine à laquelle la Maurétanie Tingitane a été liée. C'est encore un martyr qui constitue la première preuve de cette présence : le centurion Marcellus, qui eut la tête tranchée, à Tanger en 298, pour avoir décidé d'abandonner la fonction militaire en raison de son appartenance à la foi chrétienne. Le christianisme, en Maurétanie Tingitane comme ailleurs au Maghreb, a dû se développer d'abord chez les habitants d'origine romaine. Puis il a pu toucher des Berbères latinisés (comme le sera, au IVème siècle, le grand Augustin d'Hippone) et d'autres Berbères et Maures. L'extension du christianisme a dû être assez vaste, si l'on en juge au nombre d'évêchés qu'a comptés le Maroc romain : Tingis (Tanger), Zilis (Asilah), Septem (Sebta), Lixus (Larache), Tamudem (Tétouan), Salensis (Salé)... Le site archéologique de Volubilis a livré de nombreux témoignages de la présence chrétienne : des lampes, des céramiques ornées du sigle du Christ, ou de la croix, ou encore de colombes ou d'agneaux. A Aïn Regata, près d'Oujda, on a découvert une table d'autel en marbre. A Lixus, on peut voir les traces d'une petite basilique chrétienne. Par ailleurs, il existe des traditions selon lesquelles des populations noires de la région du Draâ, près de Zagora, auraient été converties au christianisme entre le IIIème et le VIème siècles, par l'intermédiaire de noirs d'Ethiopie liés à l'Eglise copte d'Alexandrie... Vers la fin du VIIIème siècle, ceux-ci seraient rentrés en guerre avec les juifs implantés également dans cette région, qui les auraient défaits. Rachid Benzine



Ce qu’il faut lire :

• Ibn Khaldoun. Histoire des Berbères (Editions Geuthner 1999). Le monumental livre de l'historien maghrébin est une référence indispensable, notamment sur l'arrivée de l'islam au Maroc.
• Gabriel Camps. Les Berbères : mémoire et identité (Actes Sud 2007). Simple, rigoureux et érudit, ce livre du grand spécialiste de l'histoire berbère est un classique.
• Henri Terrasse : Histoire du Maroc (Frontispice 2005). Indisponible pendant des années, le livre d'Henri Terrasse est incontestablement le must read pour tous ceux qui s'intéressent aux origines et à l'histoire du Maroc.
• Abdellah Laroui. Mojamal Tarikh Al Maghrib (Centre culturel arabe 2007). Dans la partie sur l'histoire du Maroc avant l'islam, Laroui fournit une critique intéressante et sévère des auteurs colonialistes qui ont abordé ce sujet.
• Charles-André Julien. Histoire de l'Afrique du Nord (Payot 1994). Une incontournable référence sur le Maghreb écrit par un grand historien et fervent amoureux du Maroc.
• Michel Abitbol. Histoire du Maroc (Perrin 2009). Didactique, agréable à lire et intéressant, notamment sur l'histoire juive du Maroc.
• Bernard Lugan. Histoire du Maroc (Perrin 2000). Un bon manuel sur l'histoire du Maroc avec un parti pris et des thèses assumés sur la formation de la nation marocaine.

Animisme chez les Berbères


La culture berbère est fondé sur une relation particulière à chaque animaux, parfois complice, parfois cultuel, parfois mystique voir conflictuelle. Des rites et des légendes existe sur le sujet et varie selon les régions, certaines sont récurrente à tout les berbères. Dans ce lien entre Homme et animal il y a parfois un animisme sans nom dont l'Egypte pharaonique a hérité.

1. La place des animaux :



Les Berbères accordent une place importante aux animaux qui constituent aujourd’hui, notamment dans les campagnes, une source de revenus capitale. Ils fournissent une partie de l’alimentation – viande et surtout produits laitiers- ainsi qu’une foule de produits que l’on peut tirer de leurs laine, poils, cuirs et même ossements : vêtements, chaussures, couvertures, velum des tentes et ustensiles de cuisine, comme les coquilles d’œufs d’autruche, employées autrefois comme récipients, ou les cous de chameaux arrangés en vases. A cela s’ajoute l’utilisation de nombreux animaux, comme force de travail et, dans les régions escarpées, comme moyen de transport. 

Les Berbères ont-ils pratiqué, à l’instar d’autres peuples anciens, comme leurs voisins Egyptiens, la zoolâtrie ou culte des animaux ? Les auteurs antiques ont décrit des pratiques qui s’apparentent à un culte. Ainsi, selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l’Algérie vénéraient les singes qui pouvaient aller et venir dans les maisons sans être inquiétés. 

Les Berbères antiques orientaux vénéraient Isis et Seth, comme le montre ce passage d'Hérodote : « [Les libyens] ne mangent point de vaches, non plus que les Égyptiens, et ne se nourrissent point de porcs. Les femmes de Cyrène ne se permettent pas non plus de manger de la vache, par respect pour la déesse Isis, qu'on adore en Égypte ; elles jeûnent même, et célèbrent des fêtes solennelles en son honneur. Les femmes de Barcé non seulement ne mangent point de vache, mais elles s'abstiennent encore de manger de la chair de porc. »

Depuis les temps les plus reculés, les peuples berbères vouaient un culte aux forces de la nature. Ils avaient divinisé le ciel, le soleil, la lune, les plantes et les animaux. Cette croyance en plusieurs dieux (polythéiste) était soutenue par une morale, d'une extrême sagesse, dite "Doctrine de Ptahotep".

2. Le culte du bélier :



Pratiques Comme le boeuf, le bélier est l'animal le plus «sacrifié» au Maghreb.
Un autre animal sacré chez les anciens Maghrébins est le bélier. Comme le taureau, il semble avoir été l'objet d'un culte très répandu et surtout très ancien. Les représentations du bélier sont, en effet, très nombreuses dans l'art préhistorique maghrébin et saharien. A côté des animaux que l'on pourrait dire communs et qui apparaissent dans les troupeaux, il y a ce que l'on a appelé le bélier à sphéroïde, un animal orné d'une coiffure en forme de sphère. Les bêtes représentées sont des mâles, mais il y a aussi parmi elles des femelles. Si beaucoup de savants pensent qu'il s'agit d'animaux domestiques, d'autres ? comme Henri Lhôte, le célèbre spécialiste de la préhistoire saharienne ? pensent qu'il s'agit de bêtes sauvages. On cite, à l'appui de cette hypothèse, le fait que des animaux sauvages aient aussi porté des sphéroïdes alors que d'autres animaux domestiques ne les portaient pas. En tout cas, domestiques ou sauvages, ces ovidés semblent avoir été associés à un culte, bien que certains spécialistes pensent le contraire. La coiffure en forme de sphère est sans doute une coiffure cérémonielle, sans doute un bonnet plus ou moins complexe, selon les représentations, que portent aussi des personnages humains sur certaines gravures. Certains spécialistes pensent que ces personnages pourraient représenter une divinité à laquelle était associé le bélier.



Dans certaines peintures, le bélier est accompagné de personnages humains : l'homme précède l'animal et, les mains levées, semble en position de prière. Dans d'autres scènes, l'homme est armé d'une hache, ce qui laisse supposer qu'il va sacrifier l'animal.
Des éléments d'une religion ancienne à laquelle est associé le bélier semblent avoir résisté, dans certaines régions du Maghreb, à l'islamisation.

A l’époque musulmane même, El Idrissi signale, dans une tribu du sud marocain, un culte du bélier. Mais cette pratique semble marginale puisque selon El Idrissi, les gens qui s’adonnaient à ce culte devaient se cacher, à cause de la désapprobation générale qu’ils encouraient (cité par G. CAMPS, 1988). Signalons que le bélier a gardé une certaine importance symbolique puisque, à côté du boeuf, il demeure l'animal de sacrifice préféré des populations maghrébines.


Amon est le dieu bélier, lié à l'eau et à la fécondité, est très probablement d'origine libyenne, et le premier état de son temple à Siwa diffère dans l'agencement des salles du plan classique des temples égyptiens. Avec l'installation d'une colonie grecque à Cyrène, son renom et son culte se sont largement répandus à travers le bassin méditerranéen dans le monde grec où il a été assimilé à Zeus. Mais surtout, il entretenait d'étroits rapports avec l'Amon égyptien par l'intermédiaire du bélier qui leur était commun et par des pratiques oculaires.


La tradition de l’adoration du bélier par les Berbères, se perpétue dans le temps et se pratique jusqu’à présent à Bgayet en Algérie et en Tunisie, sous forme de combats de Béliers. En Tunisie particulièrement, cette pratique est structurée sous forme de club sportif, qu’on nomme la Béliomachie. La forteresse d’El Karaka de la Goulette (Tunis) a servi d’arène à ces combats dans les années 90.

Temple Ammonite de Siwa

Siwa connut le déclin, quand ces temples païens sont tombés en désuétude à la diffusion du Christianisme. Cette période a coïncidé avec l'effondrement de l'Empire Romain. Toute la région a sombré dans l'anarchie, ce qui a abouti à l'invasion Arabo-musulmane de l'Egypte en 640 ap. J.C. « Au 8 ème siècle, l'armée arabo-musulmane fanatisée conduite par des émirs arabe arriva dans le but de conquérir Siwa. Les habitants issiwiyan issus d'une tribu millénaire berbère, furent confrontés à choisir entre trois possibilités: Rejoindre la horde de conquérants, se plier à ses exigences en lui rendant hommage et vivre en paix ou combattre pour leur terre. Les habitants de Siwa gagnèrent du temps en demandant trois jours pour faire leur choix. Pendant cette période de trois jours, ils recueillirent leurs richesses tels que l'or, les bijoux, les pierres précieuses, et les trésors pharaoniques. Puis, le dernier jour, ils se sauvèrent vers l'Ouest avec tous qu'ils pouvaient porter. Laissant derrière eux, leurs trésors les plus lourds en les dissimulant de sorte qu'ils soient gardés en leur absence par les puissances magiques de leur génie. » extrait des récits fixés dans la mémoire collective.

3. Culte du Taureau :


Indices Au Maghreb, le culte du boeuf est très ancien. Ainsi, dans la région du Tassili, un cimetière de boeufs a été exhumé.
Au VIe siècle, l'écrivain latin Corippus signale qu'une tribu berbère, qui peuplait la Tripolitaine ? les Laguatans ? adorait le taureau, appelé Gurzil. Il était né, selon eux, de l'union du dieu Ammon avec une vache. Avant d'engager un combat, les Laguatans sollicitaient l'aide de Gurzil en lâchant un taureau sur leurs ennemis.
En fait, le culte du boeuf est très ancien chez les Berbères puisqu'il figure déjà sur les peintures rupestres de la préhistoire. Cet animal est encore aujourd'hui associé, au Maghreb, aux rites de la fécondité : c'est lui qu'on sacrifie au cours des labours et des récoltes et dans les grands rassemblements autour des mausolées des saints. Le taureau symbolise la force et l'impétuosité de la vie : son sang, versé sur le sol, le vivifie et permet d'obtenir de belles récoltes. Ces sacrifices anciens sont cités par les auteurs antiques.
Ainsi, au Ve siècle avant J.-C., Hérodote rapporte que les Berbères, avant de faire des sacrifices à la lune et au soleil, coupaient un morceau de l'oreille des bêtes et les jetaient au-dessus de leurs maisons pour attirer sur elles la prospérité. On a retrouvé des cimetières entiers d'animaux au Tassili ; ainsi, dans la région de Menkhor, c'est un cimetière de boeufs qui a été exhumé. Les animaux ont été abattus, dépecés et enterrés par quartiers. La disposition des os ainsi que certains détails, comme la présence dans une sépulture d'une poterie, ou le prélèvement de la peau et des cornes, laissent croire que l'inhumation était associée à un culte dont le boeuf était le pivot ou l"un des pivots. Des datations effectuées sur les restes font remonter cette nécropole animale au cinquième millénaire.



Hormis les Berbères, beaucoup de peuples anciens avaient pris également le boeuf comme animal sacré, voire pour une divinité : on se souvient que les Hébreux, profitant de l'absence de Moïse, ont façonné un veau d'or et se sont mis à l'adorer. Il s'agit, en réalité, d'un culte importé de Libye, que les patriarches hébraïques avaient pratiqué et que Moïse avait interdit. Dans le coran la première sourate qui parle des enfants d'Israël s'appel al-baqara (la vache).

Chez les atlantes le culte du taureau est un ensemble de pratiques d'hommage ou de vénération rendu par un groupe de personnes à un ou plusieurs taureaux.
Le culte du taureau précède historiquement celui du cheval, les bovins sont déjà domestiqués et employés à la traction quand les chevaux sont à peine apprivoisés. Bœufs et taureaux sont fréquemment présents dans l'art et les cultes, au IVe millénaire av. J.‑C. en particulier1. Platon y fait référence dans ses écrits concernant l'Atlantide :
« Des taureaux étaient libérés dans l'enceinte du sanctuaire de Poséidon ; les dix rois y étaient seuls et priaient le dieu de capturer la victime qui lui serait agréable ; sans armes de fer, avec des épieux et des lacs, ils se mettaient en chasse. Celui des taureaux qu'ils avaient capturé, ils le conduisaient à la colonne et l'égorgeaient à son sommet, contre l'inscription. Sur la colonne, outre les lois, figurait un serment qui prononçait de terribles imprécations contre ceux qui le trahiraient. Quand donc, après avoir sacrifié selon leurs lois, ils consacraient tous les membres du taureau, ils remplissaient de vin trempé un cratère, et lançaient un caillot de sang sur chacun d'eux. Le reste était porté au feu et la colonne était purifiée »
— Platon, Critias


Agurzil, appelé aussi Gurzil est dans la mythologie berbère le dieu de la guerre, une divinité symbolisé par la tête du taureau, fils d'Ammon.
Son symbole a été pris par la reine berbère Dihya (Kahina) dans ses batailles contre les arabes.
ici, un lien plus complet sur la mythologie berbère et les croyances berbères : Croyances berbères
En Libye se trouve un temple qui est peut-être dédié à Gurzil — d'où pourrait provenir le nom de la cité.
Les divinités guerrières des Berbères étaient Gurzil et Ifri.

Lors de chaque événement majeur, la reine Dihya faisait venir, en guise de représentation de son dieu, une statue géante avec une tête de taureau. Pour ses nombreux combats, une simple tête de taureau, emportée par des hommes de foi (et d’épée !), suffisait à rappeler sa suprématie à ses troupes. Cet emblème royal concourait à affirmer la majesté de son règne sur un grand pays et témoignait de l’ampleur de sa puissance face à l’ennemi. Ce qui équivalait à une couronne aux armoiries sacrées rattachées aux desseins divins de Gurzil.

Plus près de chez-nous, cette croyance parait s’être pareillement développée dans l’actuel Maroc. Les rares informations existant à ce sujet révèlent, en effet que Gurzil a trôné sur un certain nombre de tribus du royaume d’Antée. Cette hypothèse est plus que vraisemblable chez nos cousins Louatas (Levathes) entre autres.

Jérin, roi de ces rudes Nomades, était un chef de guerre de qualité bien que l’Histoire des Hommes l’ait très peu retenu. Il régnait sur un territoire semi désertique qui était l’objet de multiples agressions. Tout comme la Kahina, à plusieurs milliers de kilomètres pourtant, le roi Jérin ne se déplaçait jamais sans son diadème divin : une tête de taureau représentant le dieu Gurzil. Le vieux nomade a très rapidement bénéficié de la consécration absolue de la part des religieux Louatas : il était devenu prêtre, un représentant de dieu sur terre, le lieutenant de Gurzil. Il était ainsi le plus haut personnage après le tout puissant. Jérin fut tué dans une bataille contre les Byzantins car il s’obstinait à défendre la statue de Gurzil. Il ne subsistait plus aucun intermédiaire entre le prince du désert et le bienfaiteur. A l’image de la reine Chawie (des Aurès), il était investi de la bénédiction et de l’infinie puissance céleste.



Cette intronisation des chefs et rois Berbères rappelle curieusement les traditions égyptiennes millénaires qui se fondaient sur la sanctification de la personne de Pharaon. Ce rituel introduisait un homme, un simple mortel, parmi les « créateurs » dans le sanctuaire de l’immortalité et du sacré. Cela permettait par ailleurs à un homme d’Etat d’être intouchable et invincible aux yeux de ses sujets, de ses rivaux et de ses voisins.


On retrouve aussi dans la culture méditerranéenne la présence du Minotaure (mi-homme mi-taureau) qui rappel fortement la divinité berbère de la guerre Agurzil (Gurzil).

3. Le culte du singe :



Le Macaque berbère ou Magot (Macaca sylvanus) est le seul macaque vivant sur le continent africain, à l'état sauvage dans les forêts relictuelles du Maroc et de l'Algérie ainsi que de manière artificielle sur le rocher de Gibraltar où il représente avec l'homme (homo sapiens) le seul primate d'Europe.

Les macaques ont une organisation sociale très particulières. Nommé zatout ou zadoud chez cette animal ce sont les mâles qui s’occupent des petits, avec un soin jaloux. Les mâles doivent d’abord être assez âgés et expérimentés pour être jugés « dignes » de s’occuper des petits. Ils suivent ensuite les femelles, et tentent de s’approprier les jeunes aussitôt sevrés. Ils se comporteront avec eux comme des pères irremplaçables, les soignant, les éduquant, jouant avec eux aussi bien, sinon plus, qu’une mère le ferait. Le statut d’un mâle se reconnait ainsi au nombre de jeunes dont il s’occupe.


Le Macaque berbère (Barbary Macaque en anglais) est le seul singe que l’on trouve à l’état sauvage en Europe, uniquement sur le Rocher de Gibraltar : ils y sont environ 200.

Il ne s’agit plus d’un peuplement naturel, mais d’une population maintenue artificiellement. Les singes actuels descendent quasi exclusivement de macaques berbères importés d’Algérie et du Maroc par les Anglais en 1942, afin de repeupler la colonie initiale qui ne comptait plus que quelques individus à l’époque !

Pourtant, les macaques étaient à Gibraltar depuis bien plus longtemps. Divers témoignages écrits valident une présence déjà au XVIIè ou XVIIIè siècle. Diverses hypothèses s’affrontent quant à l’origine de ces singes. Certains supposent qu’ils avaient été apportés par les Maures, durant la conquête musulmane de la péninsule ibérique (à partir du VIIIè siècle). D’autres pensent qu’ils étaient en Europe depuis des millions d’années !



Les macaques de Gibraltar constituent évidemment une attraction touristique incontournable dans ce petit territoire britannique au sud de l’Espagne. Même si les incursions des singes dans la ville sont parfois dommageables pour les riverains : il est aujourd’hui formellement interdit de nourrir les macaques.

Le macaque, souvent appelé dans d’autres langues « singe de Berbérie » peuple les montagnes de l’Atlas. On le trouve tout particulièrement près des cascades d’ouzoud, ou sur la route des cèdres, vers Middelt. Habitué à la présence des touristes, il est ici très familier, et attend sa pitance avec toute l’exigence d’un consommateur raffiné.



Les peuples du Tibet et de l'ancienne Egypte vouaient une admiration sans limite au singe. 
Un animal sacré, comme il l'a été autrefois dans nos contrées. Prisé comme un animal domestique chez les égyptiens, pratique qu'ils tiennent peutêtre des berbères.
Les Berbères ont-ils pratiqué, à l'instar d'autres peuples anciens, comme leurs voisins Egyptiens, la zoolâtrie ou culte des animaux ? Les auteurs antiques ont décrit des pratiques qui s'apparentent bien à un culte. Il n'y a pas de doute que nos ancêtres, avant tout agriculteurs et éleveurs, devaient accorder une importance très grande aux animaux, allant jusqu'à associer certains d'entre eux aux rites de fécondité, voire à en faire des dieux. D'autres, même quand ils n'interviennent pas dans la vie agricole, étaient associés à d'autres symboles et étaient l'objet, sinon d'une adoration, du moins d'une grande vénération.

Ainsi, selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l'Algérie vénéraient les singes, qui pouvaient aller et venir dans les maisons sans être inquiétés. Dans une expédition à l'intérieur des terres maghrébines, Eumaque, lieutenant d'Agathocle, a traversé une région où les singes vivaient avec les hommes. Il y avait même, dans cette région, trois villes qui portaient le nom du singe. Le périple de Scylax signale, au IVe siècle, une autre ville, portant le nom du singe : cette ville était située entre Bizerte, en Tunisie, et Skikda, en Algérie. Aujourd'hui, le singe a beaucoup perdu de son «aura», mais il conserve, comme nous le verrons dans d'autres articles sur le bestiaire algérien et maghrébin, une certaine fascination. Signalons que dans de nombreuses cultures, le singe est un animal sacré. Dans l'Egypte antique déjà, il était l'incarnation du dieu Toth ; il représentait aussi les lettrés et les savants. Chez les Tibétains, il est le fils du ciel et de la terre et il accompagne le sages dans leur recherche de la vérité. Les hommes eux-mêmes, selon la tradition tibétaine, descendraient du singe. Chez les peuples indiens d'Amérique, le singe est un un héros civilisateur, inventeur du feu par frottement. La mythologie grecque en fait des hommes, les Cercopès, aventuriers des grands chemins et bandits que Zeus, le père des dieux, irrité par leurs facéties, a transformés en singes?


Conclusion :

Si certains auteurs comme M. Benabou (1976, ) soutiennent sans hésiter l’existence de la zoolâtrie chez les Berbères de l’antiquité, d’autres comme G. Camps (opus cité) la mettent en doute : "Que des animaux, pour différentes raisons, aient eu des liens puissants avec le sacré et qu’ils aient joui de privilèges particuliers (singes, serpents, certains oiseaux) que d’autres servent habituellement et préférentiellement d’offrandes sacrificielles, aient finalement bénéficié de relations étroites qui s’établissent avec les dieux (béliers) que d’autres comme le taureau Gurzil ou le lion pour le soleil ou Saturne, aient été les simulacres vivants de la divinité, cela ne suffit pas à établir un culte des animaux." (opus cité, p. 669). 

Il faut sans doute remonter loin dans la préhistoire pour retrouver, notamment dans les peintures rupestres, des traces de ce culte. 




mardi 28 mai 2013

L'assèchement du Sahara


Le Sahara est le plus grand désert du monde. Il s’étend sur près d’une dizaine de pays (Maroc, Mauritanie, le Sahara occidental, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Niger, le Mali, le Soudan, l’Egypte, le Tchad) et a une superficie de 9 milliards de kilomètres carrés.

D'après les résultats des dernières recherches, la transformation du «Sahara vert» de type savane tropicale herbeuse en ce désert chaud qu'il est aujourd'hui s'est effectuée lentement, sur des milliers d'années. Ces résultats viennent contredire les travaux antérieurs selon lesquels le changement d'un Sahara «vert» en un Sahara «brun» a été un processus relativement rapide s'étalant sur quelques centaines d'années uniquement.

Il y a 14 800 ans, le Sahara est devenu une savane tropicale herbeuse parsemée de lacs grâce à une augmentation des pluies de mousson. Une analyse de sédiments marins prélevés sur la côte ouest du Sahara suggérait un assèchement relativement soudain de cette région il y a environ 5 500 ans. Ce changement environnemental rapide a été attribué à des processus de rétroaction positive entre la baisse de la pluviométrie et la dynamique de la végétation.

Dans cette dernière étude, une équipe internationale de scientifiques dirigée par le Dr. Stefan Kröpelin de l'université de Cologne (Allemagne) a étudié les sédiments du lac Yoa dans le nord du Tchad. Contrairement à la plupart des lacs de la région, le lac Yoa ne s'est jamais asséché, en raison de son alimentation par une couche aquifère souterraine. Au cours des 6 000 dernières années, été comme hiver, une couche de sédiments se déposait sur le lit du lac.

L'étude de la composition géochimique de ces sédiments, ainsi que des restes de plantes et d'animaux trouvés, a permis aux scientifiques de reconstituer un registre haute résolution détaillé de l'environnement saharien au cours des 6 000 dernières années. Leurs résultats sont publiés dans la dernière édition de la revue Science.

D'après les conclusions des chercheurs, l'assèchement du Sahara s'est fait progressivement entre 5 600 et 2 700 en arrière, en réponse à une baisse progressive des pluies de mousson tropicale. La baisse de la pluviométrie a conduit au remplacement des arbres tropicaux des prairies herbeuses par la végétation caractéristique du Sahel ; a suivi la perte du couvert herbacé et la mise en place des plantes désertiques pouvant résister aux conditions extrêmes du désert.




Jusqu'à présent, le cas de l'assèchement du Sahara était utilisé pour démontrer que les changements environnementaux peuvent se révéler très rapides si certains points de rupture sont atteints.

Par ailleurs, les scientifiques mettent l'accent sur l'importance des informations concernant la rapidité de ces changements pour mieux comprendre l'interaction entre les systèmes tropicaux et les systèmes de prévisions météorologiques à latitude moyenne.

1. Le pays des bœufs :



Dans l’antiquité, toute cette superficie était verdoyante et habitée par des hommes blancs, noirs ou métissés. A partir de 5500 avant le Christ, une grande civilsation pastorale s’y est développée avec une prédominance marquée pour l’élevage des bovins d’où le nom Le pays des bœufs, qui lui a été attribué par les Egyptiens (d’après la traduction des hiéroglyphes égyptiens.)

Cette grandiose civilisation pastorale va subir une désertification continue et inexorable qui va pousser ses habitants à se faire des guerres pour occuper les lieux pourvus d’eau et obliger d’autres à s’expatrier.



C’est ainsi que dès le début de la civilisation pharaonique, les premiers dirigeants mentionnent les invasions d’hommes tentant d’envahir l’Egypte et la défaite de ces migrants se soldera parfois par des défaites suivies de tributs de guerre que les dirigeants des zones de l’Ouest égyptien,les Berbères de l’antiquité, devront payer à l’Egypte. Ajoutons que les écrits égyptiens de l’époque, s’ils mentionnent les défaites des envahisseurs, laissent sous silence les victoires de ces derniers.


Au Sahara central, les premiers Berbères, les "Protoberbères bovidiens", apparaissent dès le Néolithique, vers 7000 ans environ, dans un Sahara encore vert, bénéficiant des derniers millénaires humides qui verdissent encore cette vaste région… Les plus anciens témoignages, des fresques peintes et gravées datant des derniers millénaires de la préhistoire, montrent un Sahara partagé entre la savane et la brousse : éléphants, girafes, autruches, antilopes oryx et gazelles. C'est de cette civilisation protoberbère bovidienne que viendrai ce surnom de "pays des bovins".


2. Il était une fois le Sahara ... vert et habité :



Aujourd'hui, le Sahara recouvre une superficie comparable à celle des Etats-Unis. Il serait devenu le plus grand désert chaud de la planète il y a quelque 2 700 ans, non pas de manière abrupte comme l’avançait une théorie en 2 000 mais à la suite d’un très lent changement climatique, selon des travaux publiés dans la revue américaine Science datée du 9 mai. Il y a six mille ans, le Sahara était très vert, couvert d'arbres, de savanes et comptait de nombreux lacs. Cette vaste région, plus grande que l'Australie, était aussi habitée, précisent les auteurs de l’étude.

La plus grande partie des indices physiques témoignant de l'évolution de la géographie du Sahara ont été perdus. Mais en étudiant les couches de sédiments prélevés au fond de l'un des plus grands lacs sahariens restant, le lac Yoa, situé à Ounianga Kebir à quelque 1000 kilomètres au nord-est de N'Djaména, la capitale tchadienne, cette équipe européenne, canadienne et américaine de scientifiques a pu reconstituer l'histoire de la région au cours des 6 000 dernières années.

Les chercheurs ont effectué des tests géochimiques et examiné les indicateurs biologiques comme les pollens provenant des arbres et plantes qui se trouvaient tout autour avant que le désert ne s'installe, les spores et les micro-organismes aquatiques retrouvés dans les sédiments du lac.

« Les résultats de ces travaux vont à l'encontre de la théorie selon laquelle le Sahara est devenu un désert il y a environ 5 500 ans et ce en quelques siècles, marquant la fin de la période humide africaine, quand des pluies saisonnières comme des moussons s'abattaient régulièrement sur la région », explique Stefan Kröpelin, un géologue de l'Institut d'archéologie préhistorique de l'Université de Cologne en Allemagne et principal auteur de l'étude.

Le Sahara tend actuellement à reverdir …




Le géologue allemand ne conteste pas les données de Peter de Menocal, en 2 000, mais il estime qu'elles sont mal interprétées. En fait, « le lac Yoa, profond de 24 mètres, continue à être alimenté en eau par les réservoirs aquifères souterrains remplis durant la période humide du Sahara qui a commencé il y a près de 15 000 ans. Cette alimentation suffit à remplacer les six mètres d'eau perdus chaque année avec l'évaporation », expliquent ces chercheurs précisant que les précipitations annuelles ne dépassent pas quelques millimètres.

« La désertification du Sahara a eu pour conséquence de chasser les populations du sud de l'Afrique du nord et pourrait avoir conduit à l'avènement de la civilisation égyptienne des Pharaons », estiment ces scientifiques. Aujourd'hui, certains signes laissent augurer d'un très léger revirement de situation, vers un retour de la végétation en certains points du Sahara, semble-t-il à cause du réchauffement du climat de la planète, d'après l'auteur principal du rapport sur l'histoire des déserts, que publie la revue américaine.

« Aujourd'hui, je pense que la même chose est en cours, un réchauffement planétaire », déclare Kropelin, je note une tendance manifeste à un nouveau verdoiement du Sahara, tendance très lente », ajoute-t-il, en s'appuyant sur des visites effectuées dans certaines des zones les plus reculées, les moins peuplées du désert, lors de ces 20 dernières années : « Dans des zones non peuplées, où vous savez qu'il n'y avait que du sable et rien d'autre, pas un seul serpent, pas un scorpion, aujourd'hui, sur des dizaines de kilomètres, vous voyez de l'herbe », assure-t-il.


3. La poussière du Sahara :


Une tempête de sable issue du Sahara transporte avec elle de la poussière vers les îles Canaries. Sous certaines conditions, les poussières emportées peuvent atteindre les États-Unis. © Nasa

Le nord de l’Afrique émet chaque année plus d’un million de tonnes de poussières dans l’atmosphère, mais il n’en a pas toujours été de même. Nombre de ces particules minérales sont emportées vers l’Ouest, et voyagent alors au-dessus de l’Atlantique. Avec le temps, elles se déposent progressivement à la surface de cet océan, avant de couler. En d’autres termes, les sédiments marins renferment, au large de l’Afrique du Nord, de précieuses informations sur les flux de poussières sahariennes de ces derniers milliers d’années.

Or, l’importance de ces flux est directement proportionnelle à l’aridité de la région source, et donc à son climat. Un sol sec libère en effet plus de poussières qu’un sol humide. Ainsi, les conditions climatiques ayant affecté un territoire par le passé, comme la Mauritanie ou le Sénégal, peuvent être étudiées en quantifiant le nombre de particules minérales d’origine terrestre présentes dans des sédiments marins.

Grâce à cela, David McGee du Massachusetts Institute of Technology (États-Unis) vient de préciser l’histoire de la dernière période humide africaine de l'Holocène. Il y a plus de 5.000 ans, le Sahara était recouvert de prairies qui s’étaient étendues depuis le Sahel, et non de savanes ou de déserts comme aujourd’hui.

La période humide africaine doit son existence à la survenue de deux changements climatiques brutaux. Le premier lui a donné naissance, tandis que le deuxième y a mis fin. Les informations actuelles ne permettent pas de savoir si ces changements ont affecté l’ensemble de l’Afrique du Nord simultanément et avec la même importance. Pour combler ces lacunes, David McGee et ses collaborateurs ont analysé les quantités de poussières présentes dans cinq carottes de sédiments, prélevées sur la pente océanique située au nord-ouest de l'Afrique et ce, entre le 31e et le 19e degré de latitude Nord. Ils ont en plus, pour compléter leurs informations, daté des minéraux par la méthode uranium-thorium. L’analyse des sédiments prélevés a ainsi révélée que ces derniers se sont agglutinés durant ces 20.000 dernières années.

La nature brutale des changements climatiques survenus dans le nord de l’Afrique a été confirmée. Toutes les régions composant cette zone géographique ont été touchées simultanément et avec la même importance, ce qui a permis une datation précise de la période humide africaine (à 200 ans près). Elle aurait ainsi débutée voilà 11.800 ans, et se serait terminée il y a 4.900 ans, en donnant naissance au Sahara tel que nous le connaissons. Par comparaison, les flux de poussières étaient 5 fois plus faibles voilà 6.000 à 8.000 ans, par rapport au flux moyen de ces 2.000 dernières années. Ce chiffre, qui est nettement inférieur aux précédentes estimations, sera bientôt présenté dans la revue Earth and Planetary Science Letters (EPSL).

Cette étude est importante pour plusieurs raisons. Elle permet notamment de mieux comprendre les relations unissant la présence de poussières dans des sédiments et le climat de la région dont elles sont issues. Par ailleurs, elle fournit de précieuses références historiques auxquelles pourront être confrontés les résultats de divers modèles climatiques. Ce détail n’est pas négligeable, puisque la plupart d’entre eux n’arrivent pas à reproduire de manière satisfaisante l’évolution du climat au Sahara. Quoi qu’il en soit, et selon certains experts, cette région aurait connu, il y a 5.000 ans, l’un des plus abrupts changements climatiques de l’histoire.


4. La Grande muraille verte du Sahara :



De Dakar à Djibouti, une muraille verte pourquoi faire ? 11 pays africains s’engagent pour freiner l’avancée du désert et de la désertification au Sahel. De bon augure. Car selon les observateurs, la zone du Sahel est confrontée à l'une des pires crises alimentaires depuis 30 ans. Le projet de la Grande muraille verte c’est un tracé d’est en ouest sur plus de 7000 km. Un projet inédit, un peu fou, mais qui a le mérite de mettre à mal  l’image d’un continent rongé par les guerres et les pandémies. Verdict : pas avant 2015 ! 

Utopie ou réalité ? Une ceinture de végétation de 15 km de large doit s’étendre sur plus de 7000 km. La mission : contrer la désertification au Sahara. Début juin, 11 pays africains ont trouvé un accord pour la construction de la Grande muraille verte de Dakar à Djibouti. Dans le Sahel, ce sont 10 millions de personnes qui souffrent de malnutrition. Les terres dévégétalisées et l’appauvrissement des sols rendent impossibles les cultures agricoles. Mais le scientifique Marc Bled-Charreton fait entendre une autre voix. Il estime que l’ampleur de cette initiative est vouée à l’échec. L’autre hic : aucun budget n’a été défini à l’heure actuelle. 


5. Reverdir le Sahara :




Un ingénieur suisse relève un défi monstrueux. Il veut reverdir le Sahara car le réchauffement climatique est irréversible. Et la migration aussi. L’irrigation des déserts est le moyen de conjuguer la création de puits de carbone et des zones vertes bénéfiques. Les Territoires nouveaux pris sur le désert n’empiéteront pas sur les zones habitées et pourront servir de terres d’accueil. Reverdir le Sahara, c’est la reconquête des zones désertiques du Sahara pour y aménager des terres cultivables. Ces terres irriguées seraient destinées à accueillir les réfugiés climatiques et d’autres réfugiés. Dans une très grande extension, ce plan pourrait stabiliser le climat, non seulement de l’Afrique sahélienne, mais de la planète. Une telle entreprise ne peut aller sans le développement d’un concept : la citoyenneté mondiale. Ces deux pôles sont destinés à se développer mutuellement et progressivement.

" Sahara Forest ", un projet développé par le cabinet Exploration, spécialisé dans l'architecture renouvelable, vise à reverdir une partie du désert en créant un micro-climat humide sous serre grâce à l'énergie solaire et à l'eau de mer.
Sahara Forest est le nom ambitieux donné à une proposition britannique dont le but est de produire de l'énergie propre, de la nourriture et de l'eau dans les régions côtières désertiques telles que l'Afrique du Nord ou le Moyen Orient, tout en aidant à reverdir le désert.
L'idée est d'exploiter les synergies entre deux technologies. La première est la serre à eau de mer inventée par Charlie Paton (membre de l'équipe du Sahara Forest Project) qui permet d'évaporer et de distiller l'eau de mer tout en créant un environnement frais et humide pour les plantes. La seconde se base sur la concentration de l'énergie solaire (CSP, Concentrating Solar Power).
« Les deux fonctionnent bien dans des conditions chaudes et ensoleillées », explique Michael Pawlyn, directeur de Exploration architecture et membre du Sahara Forest Project, qui ajoute : « la CSP nécessite un approvisionnement en eau douce déminéralisée pour garder les miroirs propres et c'est ce que la serre à eau de mer produit. »

On a observé qu’à l’est du Sahara, dans la région du sud-ouest de l’Egypte et du nord du Soudan, de nouveaux arbres, comme des acacias, se développent. «Des arbustes apparaissent et deviennent de gros arbustes. Au Sahara occidental, les nomades n’ont jamais eu autant de pluie et de zones de pâturage que ces dernières années. Maintenant, ils font paître leurs chameaux dans des régions qui n’avaient pas été utilisées depuis des centaines, voire des milliers d’années. On voit des oiseaux, des autruches, des gazelles revenir, et même certaines espèces d’amphibiens reviennent. Cette tendance s’est poursuivie sur ces dernières vingt années. Elle est indéniable.» Une explosion de la croissance des plantes a été prédite par certains modèles climatiques qui annonçaient que les précipitations de juillet à septembre, la saison des pluies, augmenteraient jusqu’à 2 millimètres par jour d’ici 2080. Toutefois, certains climatologues ne sont pas d’accord. Ce problème est encore plutôt «incertain» ; c’est pour l’Afrique du Nord que les désaccords sont les plus grands.

Conclusion :

Nous pensons que d'ici quelques années plusieurs projet pour un Sahara vert seront lancé un peu partout en Afrique du nord pour stoppé l'avancé du désert, néanmoins toute la science du monde ne pourra résister à ce véritable péril sablonneux si l'Homme berbère ne réforme pas son comportement et ne se mobilise pas individuellement puis collectivement contre ce phénomène. Pour stopper le Sahara il faudra plus que des moyens technique, il s'agit de lancé une bataille verte contre la désertification des terres, un vaste projet où chacun aura son rôle à jouer, la sensibilisation des populations passe aussi par l'élaboration d'une pédagogie et une réévaluation de notre mode de vie que nous soyons berbère au porte du Sahara ou de l'Atlas.